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Lâché par ses fans : le colonel Mamadi Doumbouya ne peut s’en prendre qu’à lui-même (Par Thierno Oumar Diawara)

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Rarement un putschiste n’a été aussi ovationné que le colonel Mamadi Doumbouya et ce, dès les premières heures de sa prise du pouvoir à la suite d’un coup d’État opéré par ses hommes (Groupement des Forces spéciales). Encore vivace dans la mémoire collective, la date du 5 septembre 2021 aura été un moment de délivrance, du moins d’une courte durée pour la plupart de nos compatriotes, tant en Guinée qu’en dehors de nos frontières. Scènes de joie et autres manifestations d’adhésion aux idéaux du désormais ancien chouchou de ces mêmes Guinéens avaient inondé tout le pays. Sans nul doute, ces mouvements de soutien résultaient du discours d’engagement et d’espoir du chef de la junte militaire à la télévision nationale (RTG), rediffusé en boucle durant les jours qui ont suivi ce coup de force. Un discours plein de promesses, malheureusement qui n’ont pas l’air d’être tenues à cause du goût du pouvoir. En tout cas, à l’allure où vont les choses. A moins d’un miracle.

Faux pas du CNRD

Si les opérations de récupération des domaines de l’État ont été vivement saluées par certains compatriotes, force est de constater que ces opérations ont été sélectives par endroit. Une situation qui a laissé la place à un sentiment de deux poids deux mesures. Des leaders politiques (opposants) qui ont fait leur preuve dans la gestion de la chose publique ont été éloignés du pays, histoire de laisser le terrain politique guinéen libre, sans obstacle.

L’organisation du « fameux » dialogue politique inclusif ne réunit que des partis politiques et des acteurs de la société civile qui, aux dires des observateurs, ne représentent pas grand-chose sur l’échiquier politique national, au grand dam de l’UFDG et de l’UFR. Se sentant trahis par l’homme du 5 septembre et dans l’espoir de se faire entendre, les Forces Vives de Guinée ont organisé une série de manifestations pacifiques à Conakry et dans certaines villes de l’intérieur du pays. Des manifestations qui, malgré leur caractère pacifique, ont été violemment réprimées dans le sang : au total une vingtaine de jeunes manifestants tués par balles, à en croire les organisateurs. Alors que le colonel Mamadi Doumbouya, à la veille de la composition de son gouvernement, s’est rendu au cimetière de Bambéto, dans la banlieue de Conakry pour, disait-il, se recueillir sur la mémoire des centaines de jeunes tombés sous la gouvernance d’Alpha Condé, le président déchu. « A partir d’aujourd’hui, aucun Guinéen ne doit mourir pour la politique », déclarait-il. Mon colonel, qu’en est-il de la refondation de l’État ?

La 78ème session de l’Assemblée générale des Nations-Unies tenue du 18 au 21 septembre 2023 à New York, le chef de la junte militaire, en compagnie d’une forte délégation a participé à cette réunion annuelle. De son discours à la tribune de l’ONU, on est en droit de dire, sans se tromper, que le maître de Conakry envisage de mettre en place un modèle de démocratie taillée sur mesure. Et en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, des pro et anti Doumbouya ont manifesté devant le siège de l’institution. Comme pour dire que le maître de Conakry ne fait pas l’unanimité, contrairement à ce que certains lui font croire. La preuve en est que les ministres Ousmane Gaoual Diallo, ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Economie numérique et Pethé Diallo, son homologue de la Santé et de l’Hygiène publique, ont été hués au sortir de la mosquée, dans le Bronx. Bon sang ! Qu’on dise la vérité au colonel Doumbouya, cela lui ferait éviter le sort du capitaine Dadis.

Thierno Oumar Diawara, journaliste indépendant / todiawara@guineerealite.info


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